Orchestre de vielles
à roue et de musiques plurielles...
L’orchestre
C’est à l’automne 2010 que
les deux viellistes professionnels Laurence Bourdin et Marc
Bernad unissent leurs compétences pour constituer au sein de la
compagnie Grain de Son un Orchestre Interrégional de Vielles à
roue.
L’OREVE naît alors en réunissant une douzaine de viellistes
amateurs venant de la Loire, de la Haute Loire, de la Drôme, de
l’Isère et du Rhône.
Au fil des répétitions mensuelles se construit une aventure
musicale et humaine nourrie de découvertes viellistiques et du
plaisir du jeu en orchestre.
La principale particularité de l’OREVE est de regrouper toutes
les familles de vielles à roue (soprano, alto, ténor) créées par
la lutherie contemporaine, ce qui lui a permis de façonner un
son riche et inédit.
L'orchestre en
répétition :
Les
musiciens :
Pupitres
alto et ténor :
Laurence
Bourdin (direction)
Marc
Bernad (direction)
Agnès
Marras-Devaux
Pupitre
soprano :
Tine Devolder
Dominique
Régnier
Sylvie Robert
Fred
Rossi
Le répertoire
Cette
pluralité de timbres et l’écriture d’arrangements
exigeants (polyphoniques et polyrythmiques) lui
permettent d’explorer des répertoires très variés,
notamment ceux qui ont jalonné l’histoire de
l’instrument depuis le Moyen Age, mais aussi des pièces
d’écriture contemporaine :
- Musiques Médiévales et Renaissance :
Manfredina et Rotta (Anonyme Italie - XIVe/ M. Bernad) -
Ronde (T.Susato ? XVIe) - Suite Llibre Vermell de
Monserrat (XIV)
Extrait du concert final de notre projet avec le Choeur Polies Phonies de Lyon - Juin 2015
Adieu Paul...
Interprète, tel est le terme qui caractérise l'activité de Paul FUSTIER.
Ses incontournables et néanmoins abondants travaux de recherche en psychologie à l'université Lumière-Lyon 2 lui valurent le titre de professeur émérite.
Il a particulièrement interprété les phénomènes à l'œuvre dans les relations entre patients et soignants, entre professionnels et personnes accueillies dans les institutions sociales et médico-sociales.
Nous laisserons à d'autres, plus qualifiés que nous, le soin de resituer l'immense rayonnement des contributions de Paul FUSTIER à l'évolution des modalités d'accompagnement des plus démunis psychiquement
et socialement, en France et bien au-delà de nos frontières.
Interprète, il l'est pour nous, non seulement dans sa profonde connaissance de cet instrument de musique qu'est la vielle à roue, mais aussi dans sa pratique assidue du jeu qu'il a partagé avec nous
depuis la création de l'ORchestre Ecole de Vielle à rouE (OREVE), il y a 6 ans.
Cet instrument, qu'il aimait qualifier de « bizarre », était devenu une passion, au point d'en avoir étudié l'engouement qu'il a suscité à l'époque baroque, sous le règne de Louis XV et de la reine,
Marie Leczinska qui, le rappelait-il pour l'anecdote, en jouait très mal. Cette étude a fait l'objet d'une thèse en musicologie et publié chez L'Harmattan en 2006 sous le titre:
La vielle à roue dans la musique baroque française, instrument de musique, objet mythique, objet fantasmé ?
Cette passion l'a amené à collecter des œuvres, dont certaines, spécialement écrites pour la vielle puis, à constituer un fond documentaire de partitions anciennes d'une très grande richesse.
Figure de légende, donc, dans l'orchestre, Paul nous initie à la subtilité des ornementations auxquels le galant se livre dans son jeu pour séduire sa bien-aimée.
Cheveux platine hirsutes, situé au deuxième rang avec sa vielle alto du luthier Philippe MOUSNIER, Paul accompagnait avec bonheur, à son pupitre altiste et ténor, les joutes courtisanes des vielles sopranos.
Lors des concerts que nous avons donnés, il était tout naturellement chargé de dévoiler à un public médusé l'étonnante mécanique qui se cache sous cette lutherie trompeuse,
que l'époque baroque avait emprunté au luth, et pourtant si originellement singulière. Paul jouait du mystère autant qu'il transmettait à ces regards perdus les rudiments d'un fonctionnement
aussi complexe que les accords qu'ils proposaient sur une mélodie gracieuse, dans une harmonie maîtrisée.
Malgré toute cette sagesse et ce savoir cumulés, il savait avec tendresse se glisser dans l'habit de l'élève de nos deux musiciens professionnels et se plier aux rigueurs des esthétiques contemporaines,
avide autant d'apprendre que de soutenir l'ambition de l'orchestre de « décontaminer l'instrument, ..., de lui fournir ces quartiers de noblesse en lui donnant des attributs aristocratiques et en lui
trouvant une place honorable dans la famille des instruments prestigieux que pratiquent ou écoutent les personnes de qualité »(p.283).
Assurément, en musicien de qualité, en belle personne, Paul laisse une portée sans voix. Mais à travers l'orchestre et les âmes de ses vielles réunis, la présence de Paul se manifestera tant que tourneront
les manivelles, sonneront chiens, mouches et bourdons et s'accorderont les chanterelles.